Lorsque je me remémore mon voyage à Damas, c’est aussitôt les parfums exotiques émanant des ses anciens souks aux mille couleurs qui me reviennent en tête, mais c’est aussi un sentiment de chagrin qui me traverse et me serre le cœur, la Syrie, ce pays témoin de l’histoire et de toutes les légendes, généreux de ses richesses culturelles et archéologiques est, aujourd’hui, souffrant à cause de la guerre…
Voila bientôt cinq ans depuis que j’ai visité Damas, aucun mot ne peut décrire à quel point cette destination est magique. Des lieux et des édifices classés, pour la plupart, au patrimoine mondial de l’Unesco sont devenus illustres de par les multiples curiosités qu’ils offrent, antiquité, noblesse et majestuosité. Oui, j’ai vu de mes propres yeux la mosquée des Omeyyades, le complexe architectural de Taqiyé Suleimaniyé, la Citadelle de Damas, le tombeau de Saladin, le caravansérail Khan Ass’ad Pasha et le mausolée de Sayida.
Je me suis laissée égarée, les yeux écarquillés et curieux, dans les vieux souks d’El-Hamidiyé, Assilah et Medhét Bacha, tout y est sublime, on y trouve des robes traditionnelles, des bijoux en or et de fantaisie, des écharpes « keffieh » , des articles d’artisanat, des souvenirs mais aussi plein de friandises, gâteaux, glaces, bonbons, chocolats, fruits secs, des milliers d’épices, des herbes séchées, du savon, et plein de bric-à-brac! Je sourie encore au souvenir de ces marchands espiègles au seuil de leurs boutiques qui vous hèle de loin et de toute leur voix, usant des boniments les plus incroyables pour vous inciter à acheter.
Et puis chaque soir je me rendais dans les célèbres anciens quartiers de Damas, deux de ses sept portes, Bab Touma et Bab Charki qui, la nuit tombée, s’illuminent et attirent les amoureux du shopping nocturne et les passionnés des cafés, narguilés et backgammon.
J’aimais bien me faufiler plus profondément, fuyant tout ce brouhaha à la recherche de sensations mystérieuses, dans ces vieilles ruelles étroites et sombres, juste un filet de lumière ; une fragrance de jasmin et des senteurs épicées se dégageaient des maisons damascènes, fascinantes et énigmatiques.
Quelques unes de ces maisons damascènes ont été converties en restaurants faisant vivre aux visiteurs une ambiance purement exotique d’« Al-Cham », et c’est là qu’a eu lieu ma « transgression » de mon pointilleux régime diététique, savourant des yeux le menu, je voulais gouter (en vain) à tout ! et sans exception! Tabouléh, Lébnéh, Kébbéh, Hommos, Fattouch, et d’autres entrées, salades variées, plats de légumes, feuilles de vigne farcies et plein de succulents plats propres à la culture de la région d’Al-Cham.
Et après que je cédait à ce plaisir culinaire, la tradition des restaurateurs de ces anciens quartiers exige que vous ne quittiez pas leurs restaurants sans avoir accepté de gouter à la « Diyafa », un plateau chargé de fruits et de gâteaux aux fruits secs et au miel que l’on vous présente gracieusement, mais encore faut-il avoir un peu de place dans son estomac, après ce copieux et savoureux repas !
Je ne terminerais pas mon récit sans avoir cité l’accueil des habitants de Damas que j’ai rencontrés et qui était très chaleureux (parmi lesquels des amis par correspondance), des gens calmes, sociables, qui appréciaient mon sourire et, avec une certaine réserve, sont quand même prêts à tous les bavardages.
Damas, on la nomme « La mère des cités »… Inoubliable expérience et si intense qu’il est difficile de la décrire en quelques lignes.